La stratégie 2017 de RTE pour tenter de nous faire avaler ses pylônes
Le 3 mars 2017, s’est tenu un comité stratégique entre RTE, le préfet et des élus. L’occasion pour RTE de présenter son plan de défense et de promotion des travaux qui vont reprendre.
Avec le printemps, retour des hélicoptères et des tronçonneuses. Les pylônes vont pousser plus que jamais (seul ¼ est déjà installé).
Comment faire accepter des travaux basés sur des objectifs obsolètes ? Voici ce qu’a prévu RTE. Nous nous sommes procuré le document de de présentation de RTE pour ce comité« stratégique ».
Relancer la communication
Notre site www.avenirhautedurance.fr avec ses 65 000 vues leur ferait-il peur ? RTE a lancé un site hautedurance.fr pour concurrencer le nôtre et a mis les moyens financiers pour qu’il s’affiche en tête dans les moteurs de recherche. De même, RTE veut concurrencer les pages Facebook des opposants en inondant les réseaux sociaux.
RTE n’est pas si sûr de convaincre. Il va relancer sa campagne de communication avec sa gazette L’Écho de la Haute-Durance plus un livret qui viendront noyer nos 40 000 boîtes aux lettres. Contrairement aux associations d’opposants, RTE a les moyens financiers. Tiens au fait, comment est financé RTE ? Par les redevances des fournisseurs d’électricité. Redevances payées avec notre argent. Nous financerons donc ces campagnes.
Le préfet enfouit ses services
En décembre 2016, plus de 400 infractions de RTE révélées dans les RTE Leaks. On apprenait par exemple que 83% de pistes d’accès aux pylônes ne sont pas aux endroits prévus. La DDT dans un suivi pointilleux du chantier alertait le préfet, reprochant à RTE de ne pas suivre les protocoles prévus. RTE propose une solution où il n’est question que « d’échanges avec les services de l’État sur les pistes forestières » dont l’emplacement peut « évoluer » par rapport aux prévisions. Pour toute nouvelle modification RTE s’engagerait à avoir l’aval du bureau d’étude environnemental (ECOMED) ? Tiens, RTE reconnaitrait-il s’en être passé jusqu’à présent ?
Si cette solution est retenue, la DDT ne ferait plus partie des administrations en première ligne. Une façon de calmer ses ardeurs ? Une autre méthode pour un chantier « exemplaire » ?
Un tel chantier : cela s’arrose
Pour un chantier THT aérien, la loi impose à RTE des plans d’accompagnement de projets (PAP) qui sont des budgets de compensations pour les communes impactées et pour les personnes morales qui présentent un projet validé en commission préfectorale.
Le PAP des communes va donner sa bénédiction à hauteur de 6 millions d’euros.
RTE a sorti le goupillon pour arroser les premières communes qui ont présenté leur projet. Devinez qui est le grand gagnant ? Savines-le-lac pour un « aménagement autour du XX° siècle« , projet que Victor Berenguel estime à 258 586 € et qui sera financé à hauteur de 256 000 €. Un record.
Saint-Martin-de-Queyrières reçoit 277 587 € pour son patrimoine et ses bâtiments. Faut-il le rappeler, le maire au début était contre le projet THT ?
La commune de Joël Giraud bénéficie de 235 825 entre autres pour sa RN 94. S’agit-il de l’aménagement rond-point avec le pylône Haute-Durance planté au milieu ?
Un PAP qui sait reconnaître ses fidèles, convertir les réticents et les remercier.
Mais l’autre PAP n’est pas en reste avec un budget de 800 000 €.
Victor Bérenguel était déjà un bienheureux avec cette première obole, il fait des miracles avec le SMADESEP qui touche près de 10% du second plan. Saint Victor fait fort.
Une association de Gendarmerie a su toucher le PAP pour un montant de 36 000 €. De quoi être aux anges, plein de zèle pour poursuivre les opposants THT.
On connait les difficultés des élus pour boucler les budgets des communes, avec des dotations en baisse. Les arrosages de RTE leur apportent une solution à court terme, mais musèlent toute réflexion à long terme. Or les impacts de ce projet sont à long terme sur le tourisme, l’image des Hautes-Alpes, son évolution économique, énergétique. RTE reconnait qu’un tel chantier avec les nouvelles solutions technologiques est déjà dépassé. La question se pose sur l’implication de nos élus dans la construction de notre avenir ? Boutiquiers ou capables de redonner à la politique ses lettres de noblesse, comme l’ont fait dans d’autres départements les élus qui se sont battus pour sauver leurs vallées ?
En savoir plus
Le document de présentation de RTE au comité stratégique du 3 mars 2017
Les élus qui ont imposé l’enfouissement dans leurs vallées
Quand la DDT alerte le préfet sur les non-conformité du chantier