Ligne P7 : RTE revoit sa copie !
Lors de l’enquête publique de 2013, RTE avait annoncé vouloir enfouir (partiellement) la ligne 63 000 volts entre le barrage de Serre-Ponçon et Embrun. Aujourd’hui, elle nous raconte que ce n’est pas réalisable. S’agissait-il de promesses en l’air ?
Très récemment, nous apprenions que RTE a modifié ses plans concernant l’enfouissement partiel de la ligne P7, ligne à 63 000 volts entre le barrage de Serre-Ponçon et Embrun. Cette rénovation avait été rajoutée in extremis lors de l’enquête publique de 2013, pour améliorer le bilan environnemental global du projet.
Si AHD se réjouit de la suppression désormais totale de cette ligne aérienne, elle s’inquiète de la tournure que prennent les évènements : au départ, la ligne P7 devait être enfouie sur sa quasi-totalité, et devait contribuer à sécuriser l’approvisionnement du réseau dans son entier. En effet, en cas de dégâts impactant les lignes aériennes à 225 000 volts dans la montagne, la ligne enfouie en vallée avait peu de chance, elle, d’être endommagée.
Désormais, RTE semble vouloir la supprimer et assurer la sécurité de la ville d’Embrun uniquement par les lignes à 225 000 volts, via le poste de Pralong (proche d’Embrun).
Ainsi, l’approvisionnement en électricité de tout le nord du département reposerait sur deux lignes aériennes passant à haute altitude, dans des zones connues pour être soumises à de forts risques incendie, avalanches, glissements de terrain ou encore aléas climatiques extrêmes.
Ironiquement, une sécurité d’approvisionnement pourrait subsister dans la production en énergies renouvelables du nord du département ; le réseau de lignes à 63 000 volts enfouies permettrait alors de subvenir aux besoins de tout ou partie des habitations.
Mais ce qui reste inacceptable dans ce dossier à rebondissements, c’est que :
– d’une part RTE gagne de l’argent aux frais de la sécurité des citoyens du 05 ; au lieu d’enfouir 19 kilomètres de lignes P7, elle n’enfouira que 6 kilomètres entre Pralong et Embrun.
– d’autre part, les arguments utilisés pour refuser l’enfouissement du P7 sont grotesques : « loi Littoral », « bande des 100m du lac » ; tout ceci n’avait pourtant pas empêché RTE d’y faire passer son projet à 225 000 volts en s’abritant derrière la Déclaration d’Utilité Publique délivrée par le ministère de l‘Ecologie.
Dans sa demande d’Approbation de Projet d’Ouvrage concernant la ligne P4 à 225 000 volts, RTE indiquait notamment :
« Les cinq premiers pylônes du tracé (au barrage de Serre-Ponçon) seront reconstruits en lieu et place des pylônes de l’actuelle ligne 150 000 volts afin de préserver l’environnement dans ce secteur :
– Espace remarquable loi littoral
– Site inscrit du barrage de Serre-Ponçon
– ZNIEFF de type II « Versant Adrets d’Espinasse, Théus et Remollon – Forêt Domaniale de Serre-Ponçon – Mont Colombis » »
Et également :
« A partir du pylône 158 et jusqu’au pylône 138, le tracé s’éloigne de la ligne existante, ce qui permet de s’écarter du centre de Prunières et d’une majorité de hameaux (les Bernards, les Vignes…) »
La ligne P4 incluait donc des constructions dans la bande des 100 mètres du lac, sur des communes intégralement soumises à la loi Littoral, et ce sur presque 20 kilomètres. Avenir Haute Durance avait soulevé ces arguments dans son recours contre le projet, mais cela n’a pas empêché RTE d’être autorisée par la justice à bâtir ses pylônes. L’argument de la loi Littoral est donc fallacieux, d’autant plus que la ligne P7 devait être enfouie sous la route, et que personne au monde n’allait s’opposer à la déconstruction d’une ligne aérienne en plein secteur touristique.
Pour finir, ceci montre que RTE a affirmé lors de l’enquête publique qu’elle allait enfouir une ligne, P7, avant même de savoir si cela était réalisable. De belles paroles destinées à obtenir l’aval des élus, de la population et des commissaires enquêteurs !
Je ne suis pas du tout surpris de la tournure que prend le projet. La mauvaise fois et le mensonge font depuis longtemps partie de la culture d’entreprise d’EDF c’est désormais une constante ( voir les compteurs LINKY dénoncé y compris par la cours des comptes!).Globalement cette attitude s’avère catastrophique tant au plan environnemental que financier. Cerise sur le gateau, le citoyen doit payer la recapitalisation d’EDF sans avoir son mot à dire. Le plus grave c’est que les diverses autorités et politiques, tous bords confondu ou presque baissent la tête tout en fermant les yeux et les oreilles. Cette attitude ne peux que décourager les citoyens soucieux du respect des lois et règlements et nourrir les extrémismes divers. Alors Mr Hulot où êtes vous combien de couleuvres allez vous encore avaler. Holà députés en Marche des hautes Alpes il faudrait tenter de ne pas reculer.