Lignes THT ; le réseau du département est-il vraiment sécurisé ?
Le 20 septembre, 13 000 foyers du Briançonnais se sont retrouvés dans le noir. Merci qui ?
Le 16 septembre, RTE convoquait dans ses locaux une conférence de presse pour fêter en grande pompe le raccordement de sa première ligne THT à 225 000 volts (liaison Serre-Ponçon – l’Argentière). A peine mis en service, le réseau sensé sécuriser l’approvisionnement électrique du nord des Hautes-Alpes tombait déjà en panne !
Voilà un bel accroc dans la confiance accordée à RTE pour remplir son contrat du continuité de service public. La fiabilité du réseau est-elle prise à la légère ? Après la station de Réallon contrainte d’évacuer ses télésièges en plein jour faute de courant l’année dernière, le 20 septembre dernier ce sont 13 000 foyers qui ont été obligés de s’éclairer à la bougie, comme des Amish.
Depuis 2011 l’association AHD alerte et réclame en vain le jugement de ses recours (deux d’entre eux sont toujours en attente de jugement sur le fond, ainsi qu’une plainte concernant 450 manquements sur le chantier). Malgré les discours rassurants de RTE, les faits éclairent de nombreuses contre-vérités :
– Le budget prévu pour le chantier explose : +29 % d’après RTE sur les retombées locales. Quand on se souvient que le débat houleux pour l’enfouissement des THT portait essentiellement sur une maîtrise des coûts… c’est à se poser des questions sur l’honnêteté du chiffrage de l’époque.
– Même interrogation pour le dimensionnement du projet, basé sur une forte augmentation de la consommation électrique. RTE refuse de fournir les chiffres locaux, mais nous savons qu’au niveau national ils stagnent depuis 2010, et que RTE prévoit même une baisse dans son bilan annuel, sans parler de l’année difficile que nous traversons… Mme Lessard (responsable du projet Haute-Durance) avait promis de démonter les lignes si elles ne servaient pas… chiche ?
Mais des promesses non tenues il y en a eu beaucoup :
– Une ligne (P7, à 63 000 volts) devait être enfouie entre le barrage de Serre-Ponçon et Embrun ; 5 ans plus tard, RTE déclare l’opération techniquement et juridiquement irréalisable.
– Des mesures de compensation écologique pour limiter les destructions liées au chantier qui ne verront jamais le jour (restauration de rives de la Durance) ou peinent à se mettre en place (cultures faunistiques, ilots de sénescence).
– Des balises anticollisions pour protéger les rapaces, inadaptées en territoire de montagne.
Une fois de plus l’association alerte les décideurs et les instances de contrôle : RTE a fait beaucoup de promesses pour faire passer la pilule mais ne tient pas ses engagements, et le réseau d’électricité tel qu’il est conçu, alimenté uniquement par le sud avec 2 lignes THT contiguës, expose gravement la sécurité électrique du nord du département… Rendez-vous à la prochaine panne ?
En savoir plus :
Article Dauphiné libéré du 21 septembre